CHansons et logements
Dans le domaine du logement, la chanson française va conter avec humour souvent, avec révolte ou un réalisme poignant, le manque de logement. La chanson sur le logement, c’est celle de la crise, car on ne trouve plus à se loger. Elle plaint l’humble locataire, obligé à une mobilité permanente. Et lorsque l’heure fatidique du terme approche, on déménage sans bruit, à la cloche de bois. La chanson va aussi parler avec tendresse, voire mièvrerie, du rêve d’une maison bien à soi, avec son jardinet où s’ébattent joyeusement les enfants alors que le père, après une journée de labeur, se consacre aux mille activités qu’exige une maison tandis que la mère, aux fourneaux, prépare le repas. Elle va enfin célébrer les premières Habitations à Bon Marché, la Coopération et décrire la cité jardin comme un nouvel Eden.
La crise du logement
La chanson va prendre pour thème la difficulté de trouver un logement. Dans ces temps de pénurie, on loue n’importe quoi et fort cher. Les logements à bas loyer manquent, et leurs conditions de confort sont épouvantables. Les loyers flambent. Monsieur Vautouret son âme damnée, le “cruel Monsieur Pipelet”, sont les ennemis de classe désignés à la vindicte populaire. La chanson ne va pas les épargner.
Monsieur Vautour
Monsieur Vautour, personnage créé par Désaugiers, chansonnier et vaudevilliste, apparaît en 1805, dans l’une de ses pièces, “Monsieur Vautour ou le propriétaire sous le scellé”. L’œuvre de Désaugiers est vite oubliée, mais monsieur Vautour restera jusqu’à nos jours le symbole du propriétaire.
Monsieur Pipelet
Le “cruel Monsieur Pipelet”, est créé par Eugène Sue dans “Les Mystères de Paris” en 1842. C’est l’âme damnée du “proprio”, chargé de recueillir le terme, payable par trimestre. Il va faire (souvent injustement) l’objet de la vindicte populaire. Monsieur Pipelet perçoit le “Denier de Dieu” lorsqu’il reçoit un nouveau locataire, il prélève aussi la bûche lorsque le bois est livré. Et gare aux couche-tard! Il est le maître du cordon, qui passé minuit, ouvrira la porte de l’immeuble. Mais surtout c’est lui qui fait visiter le logement et qui choisit les locataires. La chanson populaire ne le ménage pas !
La révolte des locataires
Au cours des années 1890, les déménagements clandestins, à la cloche de bois (celle qui ne tinte pas), ou à la ficelle (c’est à dire par la fenêtre à l’aide de cordes), vont se multiplier et faire l’objet d’une véritable organisation. En 1910 le premier syndicat des locataires est créé et il va faire parler le lui sous la houlette de Georges Cochon. Après la Grande Guerre, l'Union Confédérale des locataires poursuivra l'oeuvre de M. Cochon.
Villa mon rêve
Que de ballades sentimentales, souvent très mièvres, vantent les vertus du cabanon, de la bicoque, de la villa mon rêve ou de la petite mansarde où est né l’amour. Mais la chanson est parfois satyrique et même burlesque lorsqu'elle parle de logement locatif ou de la maison en accession à la propriété.
Drames et misère
Lorsque l'argent vient à manquer, c'est l'huissier et l'expulsion qui chassent à la rue des familles entières. La misère, c’est aussi le drame, et la chanson réaliste pleurera sur d’horribles faits divers. C'est la mort qui rode près des martyrs de la faim.